La DOUBLE PEINE des réfugiés
Face aux populations qui cherchent refuge en son sein, l’Europe s’enferme dans une politique sécuritaire, quitte à piétiner les droits de l’homme.
Les guerres qui déchirent la Syrie, l’Irak, la Libye, l’Afghanistan, le Yémen, le Nigeria, la Somalie ou le Soudan poussent une partie de la population à l’exode. Ces départs s’amplifient à mesure que les conflits s’enlisent. Lorsque ces personnes fuient les violences et les persécutions, elles aspirent à trouver une protection là où elles arrivent.
Pour l’essentiel, les réfugiés migrent à l’intérieur de leur propre pays ou dans des États limitrophes. À eux trois, le Liban, la Turquie et la Jordanie accueillent près de 4 millions de Syriens. Ainsi, seule une minorité tente sa chance vers l’Europe dans un voyage à haut risque par la mer. En 2015, plus de 2 000 d’entre eux y ont perdu la vie.
Le maelström européen
L’Europe s’avère incapable de s’accorder sur une politique humaine envers les réfugiés qui se présentent à ses frontières. Elle s’enferme dans une politique sécuritaire, surfant sur le contexte des attentats de 2015 en France, et s’oriente vers une révision des accords de Schengen au lieu de s’appuyer sur les outils législatifs existants. Parmi eux, le statut de réfugié, régi par la convention de Genève de 1951, adopté par 145 États, pose les bases juridiques de la protection des personnes persécutées.
En France, le droit d’asile, distinct des politiques migratoires, a quant à lui été sanctuarisé par la Constitution de 1958.
Par ailleurs, fermer les frontières n’aura aucun effet sur les départs et ne fera que rendre la migration plus dangereuse et alimenter le business des passeurs.
L’argument d’une vague incontrôlable, repris par l’extrême droite sous le vocable d’« invasion », ne décrit pas la réalité quant à la capacité d’accueil de la France. Avec 62 635 demandeurs d’asile, notre pays se situait, en 2014, en quatrième position derrière l’Allemagne, la Suède et l’Italie. Mais rapporté à sa population – un demandeur d’asile pour mille habitants –, il est en réalité huit fois moins sollicité que la Suède.
Il faut ajouter à cela un accès à l’asile de plus en plus restrictif : en 1973, le statut de réfugié était accordé dans 85 % des cas contre 17 % aujourd’hui.
Se souvenir
Pourtant, par le passé, face à d’autres situations tragiques, notre pays a su démontrer sa solidarité avec les peuples.
En 1939, plus de 450 000 républicains espagnols sont entrés dans l’Hexagone. Quarante ans plus tard, le pays des droits de l’homme recueille les boat people venant du Sud-Est asiatique. 130 000 Vietnamiens, Cambodgiens et Laotiens reçoivent alors l’autorisation de s’installer en France alors même qu’ils n’entrent pas dans le cadre fixé par la convention de Genève.
Les conflits que les peuples fuient sont pour la plupart alimentés par les politiques étrangères impérialistes de l’Occident. Ce sont toujours les travailleurs qui sont les premières victimes des guerres et des situations de pauvreté qu’elles engendrent. Le mouvement syndical a donc un rôle à jouer dans la recherche de la paix en s’attaquant aux sources de la misère, du désespoir, du chômage et en promouvant les cultures de la paix.
Les engagements CGT
La CGT est opposée à toutes formes de violence, engagée pour un monde exempt d’armes de destruction massive et prône le désarmement. Elle milite pour disposer d’institutions et de structures dédiées à la résolution non violente des conflits, ce qui suppose la dissolution de l’OTAN 1.
En outre, bien que rien ne puisse remplacer la légitimité démocratique des citoyens pour garantir la paix et la justice et la place du dialogue dans la résolution des conflits, la CGT rappelle l’importance du droit international et le rôle essentiel que joue l’ONU 2 dans la prévention des conflits, laquelle doit prédominer sur des interventions étatiques menées unilatéralement.
Sylvain Esnault, secrétaire fédéral.
1 OTAN : Organisation du traité de l’Atlantique Nord.
2 ONU : Organisation des Nations unies.