Répression syndicale sans FRONTIÈRE
Les militants et responsables syndicaux, parce qu’ils représentent ceux qui luttent pour leurs droits, sont toujours la première cible de la répression patronale.
Tout à son objectif de réduire les avantages sociaux, le libéralisme mondial n’épargne aucun salarié et s’attaque au droit du travail en général. Premier obstacle à briser sur sa route : le syndicat.
ETF, une instance pivot
L’ETF(1) constitue l’instance privilégiée à même de contrer cette charge constante. Quand un syndicaliste est victime de répression et que l’action de son syndicat dans son pays peine à aboutir, elle engage une campagne contre l’entreprise en cause et tous les syndicats affiliés agissent de concert par l’envoi de courriers à la compagnie et au ministère concernés. Souvent, cette solidarité trouve également un relais mondial avec l’ITF(2). Ces initiatives connaissent la plupart du temps une issue favorable et peuvent se conclure par un accord.
Pour des droits sociaux européens
L’ETF revendique un « pacte social » européen qui accorde la prévalence des droits sociaux et syndicaux sur les libertés économiques. Cet objectif ne pourra être atteint que si les syndicats sont capables de modifier profondément l’équilibre des forces en leur faveur dans la société. Les militants et responsables syndicaux, parce qu’ils représentent ceux qui luttent pour leurs droits, sont toujours la première cible de la répression patronale. Répression syndicale sans FRONTIÈRE
Un programme d’action destiné à riposter aux attaques lancées contre les travailleurs et la protection sociale pourrait à cet effet constituer la base d’un mouvement syndical plus large pour gagner une Europe sociale. Cet objectif nécessite qu’au préalable les droits fondamentaux des travailleurs ainsi que les sanctions auxquelles les États s’exposent en cas de non-respect des règles, soient clairement définis.
Cette démarche devra par ailleurs s’accompagner d’un renforcement du dialogue social et des négociations collectives, dans le contexte de notre objectif global de protéger et d’exercer pleinement les droits des travailleurs au sein d’une Europe plus sociale, tel que le garantit l’article 152(3) du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Celles-ci constituent en effet les instruments d’intervention fondamentaux dans la lutte contre la crise.
Enfin, il sera nécessaire d’intégrer ou de raviver la participation des syndicats à l’élaboration et au contrôle des politiques économiques, sociales et du travail. La conclusion d’accords contraignants devrait servir à mettre en œuvre des programmes de relance visant à garantir un avenir social et durable pour les transports.
David Gobé, membre du bureau de l’ETF, membre du Pôle fédéral Europe/Inter.
1 ETF : Fédération européenne des travailleurs des transports.
2 ITF : Fédération internationale des ouvriers du transport.
3 Article 152 : L’Union reconnaît et promeut le rôle des partenaires sociaux à son niveau, en prenant en compte la diversité des systèmes nationaux. Elle facilite le dialogue entre eux, dans le respect de leur autonomie. Le sommet social tripartite pour la croissance et l’emploi contribue au dialogue social.
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En bref
La solidarité syndicale en actes
Corée du Sud
La Confédération syndicale internationale (CSI), les Global unions et les organisations syndicales nationales mènent une campagne de solidarité avec les travailleurs coréens et leur organisation, la Confédération coréenne des syndicats (KCTU), ses militants et ses adhérents, pour la libération des leaders syndicalistes emprisonnés. La CGT et ses organisations ont envoyé de nombreux messages de soutien et participé à des actes de solidarité à Séoul, dont deux visites à Han Sang-gyun, président de la KCTU, au centre de détention de Séoul.
Turquie
CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, FSU, Solidaires et UNSA ont envoyé un courrier unitaire à Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères, et une lettre de protestation à l’ambassadeur de Turquie en France. Dans ces courriers, elles ont condamné les purges collectives ainsi que les licenciements massifs touchant plus de 100 000 personnes, et soutenu l’action des syndicats pour la réintégration immédiate des salariés licenciés ou suspendus.
Inde
Le 4 avril 2017 à Montreuil, la Commission exécutive confédérale et les militants CGT présents ont organisé une initiative de soutien pour la libération des syndicalistes de Maruti Suzuki. Une photo a été prise à cette occasion puis transmise aux travailleurs indiens.
Rappelons que certains d’entre eux ont été condamnés à vie, à la suite d’une grève en juillet 2012.