Dans un chemin de fer en développement exploité par plusieurs compagnies, les syndicats professionnels autorisés par la loi de 1884 apparaissent en ordre dispersé. Au côté du syndicat national des travailleurs des chemins de fer, très majoritaire, cohabitent alors plusieurs syndicats d’entreprise ou de métiers.
La « grève de la thune » en 1910 est la première grande grève des cheminots français. Fortement réprimée, elle sera néanmoins victorieuse à terme avec en 1911 une augmentation des salaires et l’obtention d’un règlement des retraites.
Les 27 et 28 janvier 1917, l’Association générale du personnel de l’État, l’Association générale du personnel des chemins de fer du PLM, l’Association professionnelle des agents de trains, la Fédération des mécaniciens et chauffeurs et le Syndicat national des travailleurs des chemins de fer s’unissent en créant la Fédération Nationale des travailleurs des chemins de fer de France, des Colonies et des pays de Protectorat, affiliée à la CGT et à la Fédération Internationale des transports (ITF).
De 1919 à 1920, plusieurs vagues de grèves se succèdent, très fortement réprimées (arrestations, 18 000 révocations). Leur échec nourrira les débats entre révolutionnaires et réformistes, qui se scinderont en janvier 1922 entre CGT et CGT Unifiée. C'est à cette même période qu'est accordé un Statut du cheminot.
La corporation cheminote est traversée par les autres scissions de la CGT de 1939 avec l'exclusion des militants approuvant le pacte germano-soviétique et de 1947 qui verra la création de Force Ouvrière.
31 août 1937 : loi instaurant la Société Nationale des Chemins de fer Français (SNCF) par nationalisation des compagnies existantes.
Le 7 mars 1942, Pierre Semard, ex-secrétaire général de la Fédération, emprisonné puis livré aux autorités allemandes, est fusillé à Évreux. Il sera considéré comme le symbole de la Résistance des cheminots à l'occupant. La grève insurrectionnelle du 10 août 1944 à l'appel de la direction clandestine de la fédération CGT est un acte majeur de la libération de Paris le 25 août.
Août 1953 : grève unitaire dans le secteur public. Les cheminots défendent avec succès leur système de retraite notamment.
Au cours de son histoire, le régime spécial de retraites SNCF a subi de multiples tentatives de remises en cause (1934, 1953, 1970, 1995, 2007, 2010 et 2013), mais les cheminots ont su le préserver en s’appuyant notamment sur la spécificité des tâches ferroviaires et les contraintes de continuité du service public.
Mai-juin 1968 : participation des cheminots à la plus grande grève que l’histoire ait retenue. De multiples acquis sont obtenus.
1978 : le rapport Guillaumat, remettant en cause le service public est le support de plusieurs actions de protestation de la CGT, qui dans le même temps soutient le projet du TGV. L’unité syndicale se réalise sur la base d’un dossier commun sur les transports et s’illustre dans une « journée sans transport », le 7 mars 1979.
30 décembre 1982 : promulgation de la Loi d’Orientation des Transports Intérieurs (LOTI) : la SNCF devient un Établissement Public Industriel et Commercial (EPIC). La loi sur les comités d’entreprise s’applique à la SNCF et fera l’objet de longues négociations avant d’aboutir à leur définition et au transfert des activités sociales en 1986.
Décembre 1986 – janvier 1987 : grève des cheminots sur la grille des salaires, les retraites et les conditions de travail.
Novembre décembre 1995 : grève des services publics, en réaction contre le « plan Juppé ». Les cheminots, dont le système de retraite et le statut de l’entreprise, via le projet de contrat de plan, sont remis en cause, occupent une grande place dans le mouvement victorieux.
Juin 2014 : grève pour la « Voix du service public SNCF » contre la réforme du ferroviaire du gouvernement puis en juin 2016, grève sur la future convention collective du ferroviaire et les accords d’entreprises ferroviaires qui abouti à préserver globalement la réglementation du travail existante à la SNCF.
Janvier 2017 : la Fédération CGT des cheminots a 100 ans et encore toute sa place au service du progrès social des cheminots et du développement du service public SNCF.
Depuis son origine la CGT est majoritaire auprès des cheminots malgré la division syndicale qui s’est opérée par scission (FO, Fgaac, CFDT, Sud Rail) ou recomposition (UNSA). Ce paysage syndical éclaté nuit à la construction des luttes et au rassemblement des cheminots face aux enjeux. Réduire cette fracture a donc été en permanence un axe majeur de la CGT notamment par la recherche de l’unité syndicale et des cheminots.
Photos
1910, 1953 et 1995 : © IHS CGT Cheminots
2014 : © Fédération CGT des Cheminots