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Spécial Traction - février 2014
La Traction représente tous les métiers de la conduite des trains, qu’ils transportent des voyageurs (grandes lignes ou de proximité), des marchandises (Fret) ou que ce soit des trains de travaux (infra).
Elle intègre les conducteurs, l’encadrement et les gestionnaires de moyens.
Depuis 2003 la situation de l’emploi ne cesse de se dégrader à la Traction.
Plus d’un emploi de conducteur sur quatre aura été supprimé durant ces dix dernières an-nées.
Les libéraux européens et français tentent depuis longtemps de développer la concurrence dans le ferroviaire afin d’augmenter les profits. La licence de conducteur européenne a ainsi été créée afin de faciliter les transferts de personnels entre entreprises et le dumping social.
Dans la droite ligne de cette politique, direction et gouvernements déstructurent l’entreprise SNCF en la découpant par activité et par produit pour mieux répondre aux intentions libérales d’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs.
Ce cloisonnement absurde implique l’augmentation de la productivité et une vision nombriliste de chaque activité. Détériorant lourdement la qualité de la production, cela a des conséquences sur la sécurité des circulations.
Cette stratégie ne permet pas non plus de développer les trafics.
L’exemple du Fret en est une démonstration catastrophique : la création des pools fac ne peut être la réponse aux aléas de production.
La Traction n’échappe pas à cette logique dévastatrice en spécialisant ADC (agent de conduite), roulements et UO/UP (unité opérationnelle/unité de production). La spécialisation, la déshumanisation des résidences, les outils de communication sont des facteurs d’isolement. La disparition annoncée des autorisations de départ, des annonces de sécurité dans les gares, la multiplication de tâches annexes (annonces, renseignements), la généralisation de l’EAS (équipement agent seul) et l’évolution de la réglementation (formulaires de communication, SAR -signal d’alerte radio-, réglementation Fret) augmentent la charge mentale des ADC. La longueur des étapes, l’état des engins moteurs, les dérogations à la réglementation du travail et l’allongement des carrières pèsent sur la santé.
Afin de lutter contre les suppressions de poste de conducteur, la CGT détermine le nombre précis d’ADC nécessaires pour assurer la production dans chaque roulement, UPT (unité de production Traction) et ET (établissement Traction) à chaque changement de service.
À l’ET rhénan, par exemple, un plan pluriannuel va être instauré pour augmenter enfin le nombre de CTT (cadre Traction) et répondre aux besoins de formation et d’encadrement des ADC.
Pour la CGT, l’emploi et un autre partage des richesses sont les éléments essentiels pour garantir retraite et protection sociale. C’est pourquoi elle s’est engagée pour l’augmentation de chaque élément constitutif du salaire liquidable. Au niveau de la Traction, cela s’est traduit par le doublement du taux de la prime « service train » pour chaque CRTT (conducteur de tram train), soit une augmentation substantielle de 80 euros par mois. Nous avons été également les premiers à obtenir la reconnaissance de la date OSVC (origine service valable conduite) pour l’accès à la PR 19.
De nombreux ADC ont ainsi pu accéder à la PR terminale de la spécialité conduite. Considérant que les jeunes TB 2 se trouvaient bloqués dans leur déroulement de carrière, la CGT a obtenu plusieurs centaines de PR 13 et PR 14 pour ces ADC.
La CGT a combattu les dispositions visant à détériorer les conditions de vie et de travail. La prise en charge avant, pendant et après la visite d’aptitude, et la reconnaissance du suivi professionnel et de la formation continue sont des revendications portées par la CGT. Le rôle central du médecin du travail et celui du CTT dans le contrôle et le maintien de l’habilitation du conducteur ont été regagnés durant ce mandat. Notre implication et notre détermination, y compris au niveau européen, vont permettre la suppression de la visite psychologique de renouvellement et de celle de l’aptitude médicale en cas d’arrêt de travail consécutif à un accident de personnes.
À présent, il faut maintenir la pression pour gagner la reconnaissance du suivi continu en lieu et place de l’examen triennal et une prise en charge efficace en cas d’accident de personne, d’agression et d’accident subis par l’ADC. Pour la CGT, le travail doit s’adapter à l’homme. Elle propose donc de limiter le temps de conduite, de créer des roulements qui permettent un équilibre entre vie familiale et travail, d’aménager des roulements de fin de carrière, mais aussi de créer des roulements d’accueil pour les nouveaux autorisés.
Cela passe également par la prise en compte réelle des rythmes de travail et par l’aménagement des temps de repos récupérateur. Les autres points sur lesquels la CGT reste inflexible sont la sécurité des circulations et la sûreté des usagers et des cheminots. Le manque de moyens et l’organisation de l’entreprise et de la production ne sont pas étrangers à leur forte dégradation.
Spécial Traction - février 2014
Les cheminots de la Traction